Comment pouvons-nous collectivement mettre fin à la maltraitance organisée et généralisée de nos sols, vecteurs et victimes à la fois d'une artificialisation mal maîtrisée qui réserve à l’eau la part du pauvre ?

Comment concilier développement territorial, création de valeur économique et préservation des équilibres écologiques fondamentaux liés aux cycles de l'eau et du carbone ?

Comment concilier sur un temps très court, écologie positive et ingénierie robuste et innovante, changements radicaux de modèles et acceptation sociale des changements ?

Le Groupe de réflexion mis en place dans le cadre de la révision de notre Schéma participe à la réponse que nous devons collectivement imaginer et construire.

Puissions-nous avoir en ce 21^ème siècle dans le domaine de l’administration de l’eau un peu de l’intelligence et du génie des politiques et des ingénieurs de la Rome antique…

La maitrise de l'infiltration des eaux pluviales au plus près de l’endroit où elle tombe est une composante cruciale de la stratégie d’adaptation aux impacts du changement climatique à grande vitesse. Une composante qui commande de revoir le rapport que notre société entretient avec le sol.

Nous avons pendant des siècles pensé le sol de manière géométrique, comme un à plat, une surface inerte taillable et corvéable à merci. Nous devons aujourd’hui apprendre à le reconnaitre et à le traiter comme une matière vivante et une ressource complexe et multifonctionnelle productrice de services écosystémiques d’importance majeure.

Rendre au sol ce qui doit lui revenir, rendre l'eau pluviale à des sols qui ont chroniquement soif est un enjeu clé pour le devenir de nos sociétés addicte à l’eau.

Pour y parvenir, les grands chantiers de génie écologique et agronomique à ouvrir sont légion. J’en citerai six totalement interdépendants en termes d’efficacité.

- Optimiser l’infiltration des eaux pluviales dans les enveloppes urbaines mais également dans les espaces agricoles avec pour ces derniers la mise en œuvre de couverts végétaux et de pratiques culturales favorables à la recharge en eau et à la régénération naturelle des sols ;

- Ralentir les écoulements de surface pour permettre aux sols d'infiltrer les eaux de ruissèlement : renforcement des coefficients de rugosité des terrains, Keyline-design, systématisation des haies à visée hydrique et climatique, des noues de pleines terres, des bandes végétalisées tampon le long des cours d’eau, reconstitution des chevelus de petits cours d’eau qui ont été effacés du paysage agricole et du cadastre depuis plus de cinquante ans.

- Accroitre la capacité des sols à capter et retenir dans leur structure l'eau et le carbone.

- Stocker l’eau en période d’excédent au travers d’un réseau cohérent de zones humides et de retenues écologiquement fonctionnelles et de capacité suffisante, que ces retenues d’eau soient naturelles, semi naturelles ou artificielles dès lors qu’elles sont éco-conçues et multi usage : eau potable, agriculture, rafraichissement des villes, biodiversité….

- Recharger de manière maîtrisée et massive les aquifères au moyen de dispositifs fonciers adaptés et d’ingénierie écologique….

- Maitriser intelligemment l’artificialisation des sols en luttant contre le gaspillage foncier tout en garantissant notamment aux villages ruraux le droit de se développer et de défendre un cadre de vie conforme aux attentes de leurs habitants.

 Le chantier du ZAN, ouvert au niveau national en 2021, porte l’ambition d’une sobriété foncière renforcée avec l’objectif de réduire significativement l'artificialisation nette des sols au cours des trente prochaines années. La maitrise de l’infiltration des eaux pluviales dans les enveloppes urbaines est une composante et un levier essentiel de cette démarche.

En effet, à compter de 2032, les surfaces de sols urbains décompactés, désimperméabilisés et refonctionnalisés à minima pourront, sous certaines conditions, venir en déduction des flux d’artificialisation brute résultant des nouvelles constructions et aménagements. 

Ces 6 travaux d’Hercule conditionnent à n’en pas douter le développement du Grand Rovaltain. Aussi, notre syndicat a fait le choix politique de faire de la transition hydrique un des 4 axes forts de la révision du Schéma de cohérence territoriale décidée en octobre 2022.